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Bouvier
Claude Vercey nous défie de trouver bouvier en poésie. En voici un, chez Eugène Manuel, poète et patriote français*. Dont on peut se demander si son œuvre relève du lard ou du cochon. Le doute est bref : bon soldat en deçà, mauvais au delà. Extrait de Henri REGNAULT (janvier 1871) :
Maudis sois-tu, soldat, toi, ton peuple, et la guerre,
Et ton vieux roi tout le premier,
Puisqu'il n'aura fallu qu'un paysan vulgaire,
Fils de l'étable et du fumier,
Quelque bouvier pétri pour les œuvres serviles,
Marchant sous la crosse et les coups,
Un balayeur peut-être échappé de nos villes,
Encor puant de nos égouts,
Pour trouer au hasard, bêtement, cette face,
Comme par un défi moqueur ;
Pour trancher dans sa sève abondante et vivace
Tout ce génie et tout ce cœur ;
Étouffer à son aube une lueur si pure,
Éteindre un tel rayonnement,
Que la France mourante en ressent la blessure
Jusque dans cet écroulement !
En dessert, un chromo de la biscuiterie Guillout. D'un temps où on savait parler aux enfants. La légende :
– Paraîtrait que ces obus à la mélanine, ça ne fait que des blessures coupantes.
– Pas besoin d'amputation après, pour lorss !
* Eugène MANUEL (1823-1901) – Poésies complètes, Paris, 1899. Source : gallica.bnf
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Commentaires
Les Poésies complètes d'Eugène Manuel sont disponibles sur gallica.bnf.
Quelques sombres histoires, en particulier le Crime des servantes (p. 189) ou la Robe (p. 7)J'en ai recensé une jolie collection dont me voilà fort embarrassé à présent. De Victor Hugo à Paul-Jean Toulet.
En cadeau, Achille MILIEN :
[...]
Et le bouvier menant par la vallée ombreuse
Le char des foins, auprès de la fille aux bras blancs,
Pour causer plus longtemps avec son amoureuse,
Laissera ses grands bœufs le conduire à pas lents.
[...]
La Chanson de juin in Chants agrestes, Achille MILIEN, A. Lemerre, Paris, 1877Ah ça ! Chacun son bouvier et les vaches seront bien gardées.C'est ce peintre qu'un maudit soldat – ennemi ! – a occis à la bataille de Buzenval, en 1871.Mais si, on a les mêmes lectures... chez la dentiste ou le coiffeur...
Pour ton plaisir, l'extrait d'un poème de Joseph Rousse, dans lequel je suis encore à me demander ce que vient faire le petit lapin.
[...]
L'aiguillon sur l'épaule, un vieux bouvier conduit
Vers un étang voisin qui brille entre les herbes,
Quatre bœufs accouplés, lents, graves et superbes.
Un lapin sort des joncs et devant eux s'enfuit.
[...]
(Joseph ROUSSE, Cantilènes, A. Lemerre, Paris, 1882)Je me serais méfiée du contenu de la boite de biscuits !14claude verceyJeudi 7 Août 2014 à 18:18Je dis simplement : Bravo !
On trouve sur Google plus de bouvier à saillir que de bouvier à citer...15FloraJeudi 7 Août 2014 à 18:18Tiens! une contrepèterie dans le troisième commentaire !16La Marguerite du PréJeudi 7 Août 2014 à 18:18Ben, moi c'est Jacqueline Bouvier que j'connais, Celle-là même qu'est d'venue Kennedy avant d'êt'e Onassis. Faut dire que dans "Point d'vue Image du monde" Y'eun'n'a du bieau monde... J'dois point avouèr les mêmes lectures qu'vous aut'es...
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