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Par ahoui le 19 Septembre 2010 à 00:01
Avec un peu de recul, mais oui : punaise !
Et un poème, tiré du Tintamarre du 2 novembre 1856, dont on me dira des nouvelles.
Vœu d'une punaise
Si j'étais, ô mon adorée,
Punaise à la robe dorée,
S'établissant dans ton taudis ;
Je te verrais la nuit, sans voiles,
Et tes yeux, comme des étoiles,
Me montreraient le paradis !
Je pourrais, sans être indiscrète,
Tous les soirs, quittant ma retraite,
M'aller blottir dans ton rideau
Jusqu'au moment plein de délices
Où j'irais goûter les prémices
D'un amour pur dans ton dodo !
A. HutinMutin, l'Hutin !
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Par ahoui le 21 Août 2010 à 00:00
Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire 2010
« Les théurgites, les anciens sages, avaient tous une verge avec laquelle ils opéraient.
Mercure passe pour le premier dont la verge ait fait des prodiges. On tient que Zoroastre avait une grande verge. La verge de l'antique Bacchus était son thyrse, avec lequel il sépara les eaux de l'Oronte, de l'Hydaspe et de la mer Rouge. La verge d'Hercule était son bâton, sa massue. Pythagore fut toujours représenté avec sa verge. On dit qu'elle était d'or ; il n'est pas étonnant qu'ayant une cuisse d'or, il eût une verge du même métal.
Abaris, prêtre d'Apollon hyperboréen, qu'on prétend avoir été contemporain de Pythagore, fut bien plus fameux par sa verge ; elle n'était que de bois ; mais il traversait les airs à califourchon sur elle. Porphyre et Jamblique affirment que ces deux grands théurgites, Abaris et Pythagore, se montrèrent amicalement leur verge.»*– Ben, mon gars, si tu t'imagines qu'avec des écrits comme ça, tu vas entrer au Panthéon...
– M'en fous, j'y suis déjà.
* Voltaire, Dictionnaire philosophique.
théurgite : magicien qui fait appel aux divinités célestes.
thyrse : bâton terminé par une pomme de pin ou des feuilles de vigne.
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Par ahoui le 30 Mars 2010 à 00:00
Il a plu averse.
Au retour du sec, un coucou chanta.
Le Coquu
Du laid coquu la nature est meschante,
Aussi est-il de tous oyseaux hay ;
Quand le soleil entre en sa force, il chante,
Et lors par luy maint oyseau est trahy ;
Car pour autant qu'il est froid de naissance,
Avoir ne peut de couver la puissance :
Que fait-il donc ? pour briefvement respondre,
Au nid d'autruy subtilement va pondre,
Alors qu'il sent que l'oyseau n'y est point.
O amoureux, respondez sur ce point,
Sera en vous ceste chose louable,
Puis qu'au coquu elle est vituperable.
Guillaume Gueroult
Blason des oyseaux, 1550
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Par ahoui le 15 Mars 2010 à 00:00
Claude Vercey nous défie de trouver bouvier en poésie. En voici un, chez Eugène Manuel, poète et patriote français*. Dont on peut se demander si son œuvre relève du lard ou du cochon. Le doute est bref : bon soldat en deçà, mauvais au delà. Extrait de Henri REGNAULT (janvier 1871) :
Maudis sois-tu, soldat, toi, ton peuple, et la guerre,
Et ton vieux roi tout le premier,
Puisqu'il n'aura fallu qu'un paysan vulgaire,
Fils de l'étable et du fumier,
Quelque bouvier pétri pour les œuvres serviles,
Marchant sous la crosse et les coups,
Un balayeur peut-être échappé de nos villes,
Encor puant de nos égouts,
Pour trouer au hasard, bêtement, cette face,
Comme par un défi moqueur ;
Pour trancher dans sa sève abondante et vivace
Tout ce génie et tout ce cœur ;
Étouffer à son aube une lueur si pure,
Éteindre un tel rayonnement,
Que la France mourante en ressent la blessure
Jusque dans cet écroulement !
En dessert, un chromo de la biscuiterie Guillout. D'un temps où on savait parler aux enfants. La légende :
– Paraîtrait que ces obus à la mélanine, ça ne fait que des blessures coupantes.
– Pas besoin d'amputation après, pour lorss !
* Eugène MANUEL (1823-1901) – Poésies complètes, Paris, 1899. Source : gallica.bnf
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Par ahoui le 9 Décembre 2009 à 00:00Les journaux (mardi 8 décembre) :
La Baule. Une femme aspergée d’essence et enflammée par son mari.
L'allumette est-elle déjà dans l'air Zon ! ma Lisette, zon ! ma Lison de Béranger ?
Le soir des noces
Air : Zon ! ma Lisette, zon ! ma Lison.
L’hymen prend cette nuit
Deux amants dans sa nasse.
Qu’au seuil de leur réduit
Un doux concert se place.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
Par ce trou fait exprès
Voyons ce qui se passe.
L’épouse a mille attraits,
L’époux est plein d’audace.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
L’épouse veut encor
Fuir l’époux qui l’embrasse ;
Mais sur plus d’un trésor
Le fripon fait main basse.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
Elle tremble et pâlit
Tandis qu’il la délace.
Il va briser le lit ;
Il va rompre la glace.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
Mais, pris au trébuchet,
L’époux, quelle disgrâce !
De l’oiseau qu’il cherchait
N’a trouvé que la place.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
La belle, en sanglotant,
Se confesse à voix basse.
D’un divorce éclatant
Tout haut il la menace.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
Monsieur jure après nous ;
Mais qu’à tout il se fasse.
Du livre des époux
Il n’est qu’à la préface.
Zon ! flûte et basse !
Zon ! violon!
Zon ! flûte et basse !
Et violon, zon ! zon !
Pierre-Jean de Béranger13 commentaires
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Par ahoui le 3 Décembre 2009 à 00:00Après Jean-Claude Touzeil dans son billet d'hier sur biloba, autre amicale pensée pour Jean Féron. Jean a été un des premiers à diffuser sa poésie sur internet (Au pied de la lettre) ; il lui arrivait de me confier un de ses écrits pour Tiens en voilà justement un qui passe (site aujourd'hui disparu de la toile). Voici Neige* qui devait paraître dans le recueil Au fond de l'amusette :
Neige
Au fond des nues
pauvre angelot
au gel sans linge
tu bats de l'aile
À toute allure
on skie on luge
et toi tu pèles
tes engelures.
Jean Féron
* L'illustration exploitait le motif d'un tableau ancien dont je n'ai pas conservé les références.
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Par ahoui le 1 Décembre 2009 à 00:00aux poètes qui s'égarent en ces lieux,
aux compagnes ou compagnons qui les supportent
C'est un mois environ après notre arrivée que la chambrée s'enrichit de son plus bel ornement : Jeuland Joseph, dit « le bleu bitte », soldat de première classe et ordonnance du lieutenant Decugis.
[...]
Il n'avait pas de préoccupations intellectuelles. Un jour il vint au pied de mon lit et me demanda à brûle-pourpoint :
— Paraît que t'es poète, toué ? C'est y vrai ?
— On le dit, lui répliquai-je modestement.
— Ah ben bon Gueu le ieutenant a dit comme ça qu'il croyait pas en avoir yun dans sa compagnie ! (comme
on parle d'un pied-bot ou d'un bec-de-lièvre).
D'autres fois, lorsqu'il voulait m'injurier, il faisait des déclinaisons en partant de ce qualificatif, mystérieux pour lui :
« Po-ète ! », « Peau d'fesse ! » « Peau d'con», et cœtera.
Maurice Fombeure *
* Soldat, in Les Primaires, revue mensuelle de culture populaire, de littérature et d'art, 1934 (source : gallica.bnf)
Le titre de l'article fait référence aux Gaîtés de l'escadron, pièce de Courteline dont Maurice Tourneur a tiré un film. Édouard Francomme y jouait le rôle d'un soldat de corvée de pluches.14 commentaires
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