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Par ahoui le 21 Septembre 2009 à 00:00
Maison 311, 2009, encre de Chine sur carton, 28 x 36 cm
On peut lire, à la page 311 des Œuvres poétiques de Jean Sénac*, le poème suivant :
Belle
tu es morte.
J'apporte mes mots
comme du sable
au creux des doigts.
J'élève sur ton corps
une maison de sable
un poème.
Je me couche sur ton cœur
Belle
les yeux dans le soleil
que tu aimais.
* Jean Sénac, Œuvres poétiques, Actes sud, 1999
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Par ahoui le 27 Mai 2009 à 00:00
Trouvé chez le vieux-papiers le recueil d'un poète sarthois mort prématurément.*
L'auteur a écrit les premiers poèmes publiés à l'âge de quatorze ans. Voici un des derniers textes :
L'escargot
Il rentre dans sa coquille au contact qui le contrarie.
Je rentre en moi-même au heurt qui me froisse.
Ses cornes, prudemment, explorent son univers restreint.
Avec des antennes inquiètes, je fouille l'humanité.
Sa bave déplaît aux autres et lui la trouve naturelle.
Je dis la vérité sale mais vraie.
Sa trace d'argent se déroule lente, ineffacée.
Laisserai-je un sillage sur le chemin ?
1938
* Né en 1914, René Leday meurt en 1938, "soldat, mais en temps de paix", note la préfacière.
René LEDAY, Les Jours comptés, éditions de la Société littéraire du Maine, librairie Graffin, Le Mans, 1939
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Par ahoui le 17 Avril 2009 à 00:00
Charles Baudelaire n'avait pas que des amis. Jules Vallès l'habille ainsi pour l'hiver et les saisons à suivre : « Il y avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C'était surtout un cabotin.»*
* article de La Rue, 7 septembre 1867. Sur le site de la Bibliothèque municipale de Lisieux.18 commentaires
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Par ahoui le 13 Avril 2009 à 00:00
Sorti de la galerie de la Coutume à Coulon (85), un recueil de Hubert Pajot*. Choisi pour le poème suivant entrevu en feuilletant :
DE TOULOUSE
La langue d'oil,
Quel Mobiloil !
Mais quel Médoc,
La langue d'oc !
J'en étais encore à réfléchir à l'illustration quand, au détour de l'étroite allée d'un vide-greniers, un bidon à huile se jette devant mon objectif. Pile poil, Mobiloil !
– Non ?
– Si ! Et fin du fin... à la dame qui tient l'étal, curieuse de mon intérêt pour son bidon, je narre en quelques mots le bouquiniste, le poème, l'exceptionnel destin de la photo dans l'excellent blog que vous tenez entre les mains à l'œil.
– J'aime entendre dire des poèmes, confie-t-elle. D'ailleurs, un poète est venu chez nous qui contait très très bien... À l'école de ma fille, puis au foyer rural...
Je la presse de m'en donner le nom.
– Monsieur Poslaniec !
– Christian Poslaniec ! Ça alors...**
Christian, si tu passes ici, je t'embrasse.
* De mon courtil, Studio technique d'éditions, Toulouse, 1931
Hubert Pajot (1896-1986) fut sénateur-maire de Fontainebleau.
** Sur le site du Printemps des Poètes, un sonnet à l'huile de Christian pour rester dans le ton et deux ou trois choses qu'on sait de lui.
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Par ahoui le 19 Mars 2009 à 00:00Topa évoquait dans un commentaire récent le très beau Blues du crapaud de Daniel Clérembaux. Voici le poème avec l'illustration qui l'accompagnait dans la revue décol'.
Le blues du crapaud
Les douceurs premières
Des soirées de printemps
Éveillent sous les pierres
Le chant
Du crapaud accoucheur.
Chaque bulle de savon
Ainsi libérée
Par ce triste bluesman
Avive au ciel
La clarté d'une étoile.
Allez donc savoir si,
Par hasard,
Du fond de son trou noir,
L'œil ocellé d'or
Ne perçoit pas l'éclat lointain
Des galaxies,
Si sa triste mélopée
Ne berce pas d'illusions
Ce petit joueur de flûteau,
S'il ne voit pas s'allumer là-haut
Les lueurs qui nous consolent
De la noirceur du ciel ?
© Daniel Clérembaux
15e Printemps de Durcet
revue décol' n° 26, l'épi de seigle, 200010 commentaires
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Par ahoui le 4 Février 2009 à 00:00
Maison 179, 2009, aquarelle, 20 x 20 cm
Jean Féron est parmi les premiers poètes à avoir créé un site internet. Grâce à lui, j'ai découvert André Martel. Enfin quelques poèmes de André Martel, le papapafol du Paralloïdre. Introuvable en librairie. Hors de prix pour quelques ouvrages perdus chez les bouquinistes.
Les textes annoncés sur le site qui lui est consacré étaient devenus inaccessibles. Voilà soudain qu'ils réapparaissent. À lire d'urgence.
Pour le plaisir, Hippotine, ci-après... et, en bonus, la Maison 179.
HIPPOTINE
Hippopas ! Popapi ! Papippo !
Blrr ! Hili ! Blrr ! Hiliglihégli !
Silen !.................... Paf !
Dring ! Dring ! Driiiing !
Hippotrot ! Hippotrot ! Hippotrot !
Hippogalop ! Hippogalop ! Hippogalop !
Hippoglop ! Hippoglop ! Hippoglop !
Higlop ! Higlop ! Higlop !
Hig ! Hig ! Hig ! Hibond
Surhaie ! Bonsurhaie ! Bonsurhaie ! Bond
Patater ! Higlop ! Patater !
Hip ! Hip ! Hip ! Hibond
Surleau ! Bonsurleau ! Bond
Pataflac ! Hippoglop ! Pataflac !
Hip ! Hip ! Hip ! Hip !
Pasrapas ! pasrapas ! pasrapas !
Hippofons' ! Hippobour' ! Hippopouss' !
Pasrapas ! pasrapas ! pasrapas !
Hippoclac ! Hippocloc ! Hippoclic !
Pasra ! Pasra ! Pasra ! Pasra !
Vol' ! Proch ! Près ! Raz !
Pasra ! Pasra ! Pasra ! Pasra !
Pass' ! Pass' ! Pass' ! Pass' !
Ah ! a - a - a - a - a - a - ah !
André MARTEL
Le Paralloïdre des Çorfes
édition Debresse, Paris, 1951
Un autre poème du même auteur sur Ahoui : Éphéméril du peutipesçon8 commentaires
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Par ahoui le 27 Août 2008 à 00:00
Le soir de l'annonce du décès de Mahmoud Darwich, Oncle Pa m'adressait le courriel suivant :
« – Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?
– Que la maison reste animée, mon enfant. Car les maisons meurent quand partent leurs habitants »*
La maison de Mahmoud est vide ce soir.
Oncle Pa
Les poèmes de Mahmoud Darwich continuent à nous accompagner.
* Mahmoud DARWICH, Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ? traduit de l’arabe (Palestine) par Elias Sanbar
Actes Sud, 1996
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