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L'amour, pas la guerre
Alors que j'associais dans le billet d'hier les propos réactionnaires de Serge Dassault et une photo de bombardier, je pensais à cette image infographique ancienne, élément des Carrés de l'hypothalamus.
Un avion de guerre traverse un ciel rouge. Deux jeunes femmes s'embrassent.
Couple comme un îlot de résistance dans ce décor sombre.*
Sur cette image, Alain Boudet a écrit un poème qui figure dans les Carrés de l'hypothalamus que les éditions Donner à voir viennent de rééditer (collection les Petits Carrés)
* La construction de l'image insiste sur la menace. L'avion, la croix (la mort dans mon vocabulaire graphique) et le point d'impact du projectile sont les sommets d'un triangle équilatéral qui se superpose à un décor de ville en ruine fabriqué à partir du tangram (puzzle carré composé de 7 pièces)
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Commentaires
je viens de lire " le rire des cascades " et " des mots pour vivre " d'Alain Boudet.je suis sous le charme de ses mots. superbes instants..merci.
Les Carrés de l'hypothalamus sont un ensemble de dessins infographiques à contraintes – seul outil : la souris, format carré, construction selon des formes géométriques simples (carré, triangle, spirale...).
C'est après une visite d'exposition qu'Alain a conçu le projet de mettre des mots sur les images – La démarche inverse est plus fréquente. Ses poèmes constituent une lecture personnelle qui peut prendre ses distances vis-à-vis de l'image. On est au fructueux point de rencontre de nos deux univers. Un troisième larron, lecteur du recueil, aura aussi sa propre interprétation de l'image, du poème et des liens tissés entre les deux.
Pour répondre à ta demande, Alain me permettra de donner son texte :
Je ne sais pas si le rouge a un cri
Ni si le noir des rêves
a pouvoir d'étincelles
Ni si vivre peut être
entre silence et feu
Je sais qu'il y a des éclairs
qui durent longtemps
jusqu'à trop tard
et puis les mots de Paul Éluard :
Comme un dialogue d'amoureux
le cœur n'a qu'une bouche.
S'il en est des titres comme des mots, ils forcent l'imagination à voir sur l'image ce qui en est nommé...Hélas ! Et si des éléments proposés, hors des mots, j'y voyais non pas la guerre, non pas l'amour comme résistance, non pas la croix comme signe de mort mais comme l'image dérangeante de l'amour homosexuel de deux femmes qui présentifie un débat très actuel.
Ainsi, la fente blanche relie les femmes à la fulgurance de l'avion, ici vu comme désir sur ciel rouge. La croix devient l'union sexuelle où le nez de l'avion s'identifie aux deux bouches qui fusionnent....et que sais-je ?
L'artiste pose les éléments, à nous de nous en réjouir...jouir...rougir !
Merci à toi
Yannick
@Yves: tu diras à Alain merci.
@Yannick: que ou qui dérange-t-elle l'image?
A regarder de près le nez de l'avion, j'y verrais bien autre chose, moi.
L'image – comme toute autre production de l'esprit – échappe forcément à son auteur.
Si j'avais été surpris de lire parfois – entre les lignes quand même ! – dans les poèmes d'Alain des choses qui m'étaient très intimes et qu'il ne pouvait pas connaître, c'est qu'elles y sont peut-être enfouies.
J'aime les représentations picturales qui donnent à l'imaginaire de chacun(e) la liberté de respirer (Poil au nez !).
Yannick
Mon amical salut à toutes et tous. Mon merci particulier à Yves qui nous offre cette image et redonne à lire ce texte. Il existe une exposition de 15 des dessins de ce recueil avec les 15 textes. Ils seront cette quinzaine au collège Wilbur Wright (on ne quitte pas l'aviation…) où je vais rencontrer des jeunes dans quelques temps. Nous parlerons certainement de ces dessins.
Pour ceux qui vont relire Carrés de l'hypothalamus, bon séjour. Quelle belle aventure que ce livre…
Et salutations renouvelées.
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La ligne blanche qui matérialise la trajectoire de la bombe est terrible, au sens fort du terme...