• Jacques Brémond

     

    Je suis poursuivi par les canapés.

    – Bien fait pour toi, tu n'avais qu'à laisser la rime en paix*.

    Le dernier envoi de Jacques Brémond. Tentations. Pas l'axe du mal, mais Château d'Ax, la marque référence en matière de canapé.**

    Fallait-il que le postier*** s'en tamponnât le coquillard pour omettre d'oblitérer ces Marianne**** ?

    Le service public n'est plus ce qu'il était !

     

    – Et le livre dans tout ça ?

    – Je patiente avant d'ouvrir le paquet.

     

    Timbres

     

    * Voir les épisodes précédents (19 & 20 janvier).

    ** C'est la réclame qui le dit.

    *** On me dit que ce postier est une postière.

    **** La nouvelle Marianne des timbres postaux est une Femen, Le Figaro, 15.07.13


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  • Kuu

     

    Ivan Sigg et Éric Meyer marquent une pause. C'est le dernier envoi de la revue KUU.

    Elle va nous manquer, c'est sûr.

    Les auteurs en parlent toujours avec chaleur : « KUU c’est de l’humain, de l’engagement, des rencontres, des grands moments de joies, des rires, mais aussi des confrontations, des discussions, parfois des désillusions et des difficultés...»

    Sur Ahoui, KUU apparaît sur ces pages :

     

    Kuu    Kuu


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  • La chambre est froide, nue, blanche. Le cerf allongé sur la paillasse. Mort. Sa tête pend. Le sang a coulé en trois minces filets. C'est une photo d'Éric Poitevin. Laurent Deheppe écrit à la suite Évangile. Ressuscite en quelques mots la bête. Lui redonne grandeur.

    Vous avez pu les manquer, il est encore temps de rencontrer le photographe et le poète sur le site Mille lieux.

     

    L'illustration ci-dessous, choisie dans Roti-Cochon* vient en contrepoint et marque simplement la continuité dans le temps des préoccupations des poètes, peintres, photographes....

    Roti cochon

    * Roti-cochon. Méthode tres-facile pour bien apprendre les Enfans a Lire en latin & en françois. Voir aussi Latin de cuisine.


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  • Un portfolio.
    Alain HELISSEN, Des lettres de la Voie lactée, L'Atelier de Groutel, collection Choisi, 2013

    Choisi 22 - L'Atelier de Groutel

    On ne dira jamais assez combien les Printemps – de la poésie – sont féconds à Durcet (Orne). S'y sont rencontrés, Alain Helissen et Jacques Renou, le poète et l'imprimeur-typographe. Pour notre bonheur, tant le Choisi n° 22, issu de cette rencontre, est un joyau joyeux.


    Alain Helissen passe à sa moulinette à mots les lettres de la Voie lactée. Les lettres : le V, l'O, l'I... on m'a compris. Et ça donne dans l'adage, la maxime, le proverbe, le dicton, la sentence... C'est poétique, drôle, inattendu, propre à faire sourire, à faire rêver – les plus sensibles d'entre nous. Ça nous laisse sur le bord des phrases, le nez dans les étoiles.


    Jacques Renou s'est emparé des mots du poète. Et lettre à lettre, caractère par caractère, les a serrés dans son composteur, mis en page dans leur pyjama de soie – Pyjama ? Que chantes-tu là ? Ce que je chante : mettre en page, c'est coucher et l'habit du coucher c'est pyjama. Qu'on ne m'interrompe plus ! Donc, de soie, illustré de vignettes et attributs de commerce, dans des couleurs brassées à la main, le tout pressé contre son cœur et sur la presse typographique F.L.


    Ce Choisi est complété par 162 définitions d'Alain Helissen. Au hasard : Logique élémentaire – Celui qui jette la première pierre peut aussi jeter la seconde.

     

    Ici, il n'y a rien à jeter et si on veut se faire ou faire plaisir avant les frimas, il ne va pas falloir musarder. Le portfolio est tiré à 65 exemplaires. Bon de commande à télécharger.

     

    Blog d'Alain Helissen.

    Sur Ahoui, plusieurs billets : Enfin, On joue, À trois.


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  • Le bourri : chapitre 2.

    Ou le lecteur découvrira avec ravissement que le bourri, c'est kif kif.

     

    Fumeuse de narguilé (gallica.bnf.fr)

     Kaire. Ayoucha assise – daguerréotype de Joseph Philibert Girault de Prangey (édition 1842-44)

     

    Le  bourri suivant avait séduit Alexandre Dumas :

    « Pendant ce temps, la suite du chérif Hussein fumait le bourri. Tout ce qui n'était pas chérif tirait un même bourri deux ou trois bouffées de fumée.»*

    Ça semblait tenir de la pipe. En effet :

    «  Le bourri est une pipe faite avec une noix de coco. C'est une espèce de hucca où l'on fume le tumbac de Perse.
    Toute la société fume à la même pipe, que l'on se passe après chaque troisième ou quatrième bouffée.
    On avale la fumée du bourri ; les uns ont l'avarice de la garder dans leur estomac, les autres, après un temps plus ou moins long, la rendent ad libitum par la bouche ou par le nez.»*

    Ici, on est encore plus précis :
    « Lorsque plusieurs adeptes du kif se trouvent réunis, le Hachaïchi (préparateur de haschich) apporte son bouri. Le bouri consiste en une noix de coco évidée, munie d'un long tuyau en roseau sur un de ses flancs, qui communique avec un plus petit tube, fixé au sommet de la noix ; c'est ce tube qui constitue le fourneau de l'énorme pipe.
    La noix est remplie d'eau pour rafraîchir la fumée et le fourneau est bourré de la feuille stupéfiante soigneusement préparée et à laquelle est joint un petit morceau de Mâdjoune (confiture de chanvre).
    Lorsque cet instrument pittoresque est chargé, une petite braise est placée méthodiquement, par le Hachaïchi sur le fourneau, et le bouri circule parmi les clients. Le premier des Hachaïcha (fumeurs) présents, avale la fumée et la rejette par les narines avec un air de béate satisfaction; il passe ensuite le bouri à son voisin qui procède de même, et ainsi de suite jusqu'au dernier des fumeurs accroupis sur la natte.
    Lorsque le bouri a fait deux ou trois fois le tour du cercle des huit ou dix clients qui peuplent ordinairement les tavernes, le Hachaïchi préparateur, perçoit une somme de vingt à vingt-cinq centimes ; il se contente de peu comme on le voit, et il lui suffit de récolter quelques sous pour vivre... d'illusions, car, lui aussi, use du bouri en adorateur passionné ; il n'a du reste été amené à exercer cette profession de Hachaïchi, qu'en raison de son goût prononcé pour le kif.»



    * L'Arabie heureuse, souvenirs de voyages en Afrique et en Asie, par Hadji-Abd-El-Hamid Bey (Du Couret, Louis), publiés par Alexandre Dumas, Paris, 1860

    ** Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine, 1863

    Sources : gallica.bnf.fr


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  • bourrizic.jpg Il a suffi qu'un bourri passe ici sur la pointe des sabots et qu'un lecteur m'interroge sur la beste pour que j'entreprenne des recherches sur le mot.

    Le Dictionnaire culturel de la langue française n'a pas retenu le bourri, même s'il offre bourrique, bourricot, bourriquot, bourriquet, pour appeler l'âne et les siens.

    En revanche, la BNF est une mine de bourris, à faire pâlir le biloba.*

     

    Trompette ici.

     

    « Les Hindous ont trois espèces de trompettes. Le toutari est une trompette courbe [...]. Les deux autres se nomment bourri et combou (fig. 22 et 23). Les anneaux doivent être de simples ornements qui ne modifient en rien le son de l'instrument. Comme chez tous les peuples, ces trompettes servent principalement dans les armées.»

     

    Baratte quand le diable s'en mêle.

     

    « Une mère de famille ne put jamais parvenir, certain jour, à battre son beurre ; malgré tous ses efforts la crème fraîche s'obstinait à rester claire dans le bourri (baratte de forme ancienne). Pour conjurer l'enchantement, elle chauffa au rouge un grand clou, qu'elle jeta dans le bourri plein de crème.»

     

    Péniche dans le port de Paris.

    « Les montluçons (prononcez môluçons) sont des caisses longues et étroites assez misérables et chétives, remorquées sur les canaux du centre par un âne (prononcez " bourri ") dont l'écurie tient le milieu de la barque. Les montluçons, avec leur cabane d'arrière contenant à peine le marinier et sa famille, apportent sur nos quais les céramiques et la grosse marchandise expédiées du Bourbonnais, de l'Auvergne ou du Nivernais – pays de la patience et de l'économie. Quand le pauvre " bourri " est las... c'est la femme qui le remplace, une résignation véritablement biblique. On dirait du Puvis !

     

    bourriportdeparis.jpg

     

    Poisson sur l'étal d'un marché au Maroc

     

    « Des pêcheurs y vendent des quantités de chabel et de bouri (alose et mulet).»

    Maladie, sur un marché aux esclaves, au Maroc encore.

     

    «  Voici un nègre accompli, brave, travailleur, robuste, intelligent, ne cherchant nullement à se sauver de chez ses maîtres, n'ayant jamais eu le bouri (1), très doux de caractère, très dévoué.
    (1) Les Arabes prétendent que les nègres sont sujets, à certaines époques de l'année, à des accès de démence furieuse qu'ils nomment El-bouri


    * Voir la rubrique La Vie des mots.

     

    Source : gallica.bnf.fr, pour tous les documents cités. 

    Le Magasin pittoresque, 1852

    Bibliothèque universelle et Revue suisse, Lausanne, 1899

    La Science illustrée, 1895

    Auguste Mouliéras, Le Maroc inconnu : étude géographique et sociologique., Paris, 1895-1899

     

    Titre tiré du Dictionnaire des Proverbes et dictons, usuel Robert, 1989


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  • Miroitement sur terre de la petite flaque d'eau.*

    Chez les gens qu'il rencontre – voisins, amis – Christophe Jubien a l'art de saisir ce petit éclat brillant de vie, d'espoir, de tendresse. Alain Boudet écrit que nous sommes en pays d'humanité.**

    Le poète est économe de ses mots, les textes d'un grande simplicité – qualité rare. Juste ce qu'il faut pour que nous reconnaissions comme nôtres ces voisins et amis. On aimerait garder en mémoire certains de ces poèmes pour consoler des proches dans les moments de moins bien.

    Miroitement sur terre de la petite flaque d'eau

    Dimanche. Salon du livre du Mans. Devant le stand des éditions Donner à voir. J'invitai une passante à feuilleter ce recueil. Nous avons échangé sur nos préférences : de la dizaine de poèmes qu'elle a pu lire, c'est celui qui, en l'instant, retenait son attention. (Cliquer sur l'image pour un affichage agrandi)

     

     

    * Christophe Jubien, Miroitement sur terre de la petite flaque d'eau, illustrations de Pierre Richir, éditions Donner à voir, 2013, 56 pages, 7,50 €.

    ** Alain Boudet signe une 4e de couverture exemplaire : « Nous voici en pays d'humanité avec Christophe Jubien comme guide. Nous empruntons son regard de connivence et d'empathie pour côtoyer les uns, les autres. Pour être simplement. Lire ces poèmes, c'est un peu serrer des mains, adresser un sourire, rencontrer. On partage les évidences de vivre, les joies et les difficultés. Les peines. On est là, fraternellement.»


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