• Quelques mots habitables

    Samedi dernier, au cours de la soirée Moules / Frites & Poésie qui réunissait les ami-es et soutiens du Printemps de Durcet, Jean-Claude Touzeil a évoqué la condamnation à perpétuité du poète qatari Mohammed Al-Ajami, alias Ibn Al-Dhib.* Peut-être Jean-Claude s'en fera-t-il l'écho sur son blog.

    J'ai choisi un texte de Jean Sénac, autre poète victime de ses mots.

     

    chenilleN7012.jpg

     

    J'ai osé parler...

                        Parler de soi est comme une indécence...
                                                           Henri Alleg

    J'ai osé parler !
    J'ai osé te saluer, soleil !
    Mon cœur, j'ai osé vivre au rythme de ta joie !
    Le cri des torturés n'a pas brisé ma tête !

    Ô injustice du monde !
    Nuits sur toute la surface du corps !
    J'ai osé dans l'exil nommer votre souffrance !

    Ô frères !
    J'ai vécu de votre dignité.
    Vous nous avez rendu quelques mots habitables.

    Jean Sénac


    Diwân de l'état-major (1954-1957) in Œuvres poétiques, Actes sud, 1999

     

     

    * Journal Le Monde.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 4 Décembre 2012 à 06:16

    Des mots habitables quand tout le reste ne l'est plus.

    2
    Mardi 4 Décembre 2012 à 07:22

    se réfugier dans les mots.

    liberté intérieure.....

    3
    Mardi 4 Décembre 2012 à 07:57

    Je me suis interrogé sur le sens que pouvait donner Jean Sénac à ce mot habitable. Dignité, résistance.

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    4
    Mardi 4 Décembre 2012 à 08:27

    "et si c'était à refaire / je referai ce chemin / une voix monte des fers/ et parle aux hommes de demain"

    Louis Aragon

    5
    Mardi 4 Décembre 2012 à 08:44

    Des mots habitables, pour ceux qui n'ont plus guère que cela pour tenir et vivre.

    6
    Mardi 4 Décembre 2012 à 08:45

    Jean Sénac s'est servi de ses mots pour lutter. Contre le colonialisme, pour l'indépendance de l'Algérie. Puis pour dénoncer une révolution trahie.

    7
    Mardi 4 Décembre 2012 à 08:47

    On va souvent trouver pathétique la poésie militante, mais il y a toutefois de belles voix. Des textes porteurs d'espoir.

    8
    Mardi 4 Décembre 2012 à 08:48

    Les dictateurs ne se trompent pas sur la force des mots...

    9
    Mardi 4 Décembre 2012 à 11:46

    Pas réussi à trouver un poème de Al-Ajami sur la toile...

    Sauf ce vers : "Nous sommes tous des Tunisiens face à une élite oppressive."

    Les révolutions arabes sont soutenues par son pays, à condition qu'elles ne le "contaminent" pas !...

    "prison à vie" ! Al-Ajami a 35 ans...

    10
    Mardi 4 Décembre 2012 à 22:38

    Moi non plus, pas trouvé d'écrit.

    11
    Mercredi 19 Décembre 2012 à 01:22

    nous, (moi) les gens du viable nous nous nourrissons de la chair des héros assassinés. et nous continuons de vvre!

    12
    Jeudi 20 Décembre 2012 à 21:52

    Il est essentiel que nous continuions de vivre.

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