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Soutier
Découvert chez le bouquiniste :
Poèmes pour les ouvriers et les autres de Louis Rocher et Jacques Charpentreau.*Jacques Charpentreau (1928-2016) a été, en particulier, un passeur inlassable de la poésie dans les écoles.
Je découvre Louis Rocher (1927-1956). Robert Sabatier nous apprend qu'il était docker à Orly.**Les deux poèmes reproduits ci-après nous feront regretter sa trop rapide disparition.
Sous l'échelle de l'avion,
le vieux soutier regardait par les trous
les cuisses d'une fille au manteau d'ocelot.
J'ai vu sa femme,
avec les mains comme du bois pourri
et les jambes gonflées de varices :
vingt-cinq ans debout pour laver les assiettes
dans un restaurant premier choix.L'enfant qui fait rouler ses billes
a dit :
« J'ai pris une pâtée maison !»
Et son partenaire de rire,
son partenaire aux yeux de chrysanthème
avec une petite lueur bleue,
triste, triste déjà comme une peine d'homme ;
puis il fait sauter une bille
et dit :
« Mon père à moi ne me bat plus ;
sa machine lui a coupé les mains.»* Les Éditions ouvrières, 1955
** Robert Sabatier, La Poésie du XXe siècle, Albin Michel, 1988
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Commentaires
Saluons la mémoire de Charpentreau. Certains de ses poèmes sont encore bien vivants dans les écoles d'aujourd'hui... Plusieurs de ses anthologies aussi...
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Mardi 14 Janvier 2020 à 11:13
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3yannickMardi 14 Janvier 2020 à 08:14J'aurais aimé passer avant toi chez ce bouquiniste. Tu aurais lu les textes en page d'accueil de la Toile de l'Un. Je suis vert…
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Mardi 14 Janvier 2020 à 11:28
Deux exemplaires à prix raisonnable sur le net, sur ebay.fr et fr.shopping.rakuten.com
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tu peux nous en faire profiter un peu plus ? où l'a tu déniché ?
signé : très fort
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Mardi 14 Janvier 2020 à 11:33
« J'ai rencontré mon ami Ben Mouloua ;
il m'a dit qu'un petit cousin
était arrivé à Paris
et qu'il n'avait plus de travail.
Mon ami Ben Mouloua m'a dit que Mohammed
n'avait pas la vérole et n'était pas voleur,
qu'il n'avait pas violé, encore, de jeune fille
et qu'il se lavait correctement
puisqu'il savait lire et écrire. »
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Wouaou je ne sais pas si je l'aurais appris à mes élèves, celui-là...
Il est ...wouaou !
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Celui-ci peut-être, de Jacques Charpentreau, dans le même recueil :
Ma vie
miroite au grand soleil du jour
comme une bulle de savon
gonflée par l'amour ;
légère et lumineuse
elle s'épanouit dans l'air bleu,
avec les reflets un peu violets
que donne le sang aux choses vivantes.
Ma vie éclate de bonheur.
ah oui ! ;-)