• Tant de myriades

    Fillette

    Fillette en costume de Plonévez-du-Faou, dit la légende.

    Est-ce une raison pour porter les doigts à la bouche ? 

    « Ce geste est antihygiénique, les ongles étant le réceptacle de myriades de microbes, poussières, résidus de toutes sortes. Ce contact des doigts avec les lèvres et les gencives est à l'origine de nombreuses maladies. L'action de se ronger les ongles est des plus néfastes à l'organisme.
    Outre la honte que l'onychophage peut avoir de lui-même, ce grave défaut réduit sa personnalité, l'indispose dans son aisance, le gêne dans sa tenue, le diminue aux yeux de ses parents, amis, relations, etc.
    Il y va de la santé de votre enfant de le débarrasser de ce tic nerveux.»*

    Eh bien, dites-moi !  Et encore... on n'a pas convoqué Freud !

    Enfants, méfiez-vous de ceux qui vous veulent du bien.

     

    * Réclame dans le journal Ce soir, codirigé par Louis Aragon (6e édition du 3 décembre 1937). Source gallica.bnf.fr

    « À quoi ça tientEntre les dalles »

  • Commentaires

    1
    yannick
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 06:15

    Bouche cousue, à quoi rêve-t-elle ?

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:28

        À une Bretagne libre ?

    2
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 06:24

    En dépit des dangers, l'image reste belle, attendrissante même...

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:29

        Tout à fait. C'est sans doute ce qui a motivé le choix de la carte.

    3
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 07:26

    Si on ne peut même plus vivre son enfance...

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:33

        Il nous restera à survivre à la vieillesse...

    4
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 08:05

    Faut pas "poucer"...

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:33

        Tu mets le doigt sur quelque chose d'essentiel.

    5
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 09:51

    ça fait la richesse des dentistes et affiliés, la rétine a été inventée est ce plus élégant ? ne pas confondre sucer et ronger !

    signé : détails

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:37

        L'inventeur de la rétine avait l'œil. Je ne sais pas si on parle de lapus calami quand un doigt. dérape sur le clavier. Ah ! On me dit que c'est un lapsus clavis. Dont acte.

    6
    Martine
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 10:47

    Gwen a 5ans a dû subir pendant un mois le "coupe pouce"véritable engin de torture ......

    et puis la tétine est selon moi un anti  communication .....

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:39

        La tétine, peut-être, mais téter : non !

    7
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 20:40

    J'ai écrit une histoire vécue (sauf la fin) à ce sujet:

    Rongeurs

     

     

    Bertrand pénètre dans la salle d’attente. Il vient consulter son médecin généraliste avec lequel il souhaite faire le point de ses misères interminables qui finissent par le ronger.

     Une femme emmitouflée lit la revue Capital ; a-t-elle pensé, comme lui, à Marx ? Il n’ose l’interroger à ce sujet. A gauche est installé un couple jeune avec un bébé dans sa poussette. L’enfant, d’environ un an,  regarde le nouveau venu s’installer. La femme  se penche pour parler à la petite, puis elle appuie son dos et commence à se ronger les ongles de la main droite.

    Son mari lit le journal local ; il l’a placé par terre, ouvert tout grand ; les jambes écartées,  il se penche pour lire. Cela paraît original et déplacé à Bertrand.

    La maman cesse son occupation et, le bébé s’agitant, elle le retire de la poussette et le pose sur ses jambes, elle le tient, le lâche, l’enfant, ravi, avance maladroitement dans la salle. Il ne tombe pas. Un peu d’action fait passer le temps plus agréablement. Bientôt, la femme replace la petite dans la poussette, impatiente sans doute de reprendre sa besogne : se ronger les ongles, de la main gauche, cette fois. Bien que Bertrand soit quelque peu éloigné d’elle, il lui semble que les ongles, surtout ceux de la main gauche, sont largement entamés.

    L’homme soupire, referme le journal et le pose sur la table basse. Il regarde la porte à droite, il paraît se demander si le médecin va enfin les appeler. Il soupire de nouveau et commence à se ronger les ongles de la main droite. Il ne ronge pas, il dévore.

    Est-ce une maladie familiale ? Vont-ils, l’un et l’autre, consulter le médecin à ce sujet ? Bertrand avait imaginé qu’ils étaient venus pour la petite. La femme a cessé son grignotage. C’est chacun son tour, apparemment. L’homme passe allégrement d’une main à l’autre, poursuivant un cheminement étrange, de l’annulaire gauche au pouce droit, de l’index droit au majeur de la même main.

    Qu'y a-t-il donc chez eux qui ne va pas ? L’homme est-il infidèle ? La femme subit-elle de mauvais traitements ? Est-il au chômage ? Craint-elle qu’il la quitte ? L’ambiance est sans doute mauvaise à la maison. A-t-il peur du noir ? Éprouve-t-elle des difficultés pour s’endormir ? Est-il frustré? Ne parvient-elle pas à satisfaire ses besoins masturbatoires? Ou bien encore n’est-il pas d’une timidité pathologique?

    La porte s’ouvre, le médecin apparaît. Il les fait entrer après leur avoir serré la main.

    Vingt minutes plus tard, c’est enfin le tour de Bertrand. Le médecin est un homme calme et posé qui écoute patiemment son client raconter sa vie : il en est au troisième chapitre, quand il  voit le médecin porter un doigt à sa bouche et  commencer à se ronger l’ongle. Bertrand est sidéré.

    ––  Continuez, je vous prie, lui dit le médecin.

    Bertrand tente de reprendre son récit. Le médecin place un autre doigt dans sa bouche, le faisant pivoter pour mieux appréhender l’ongle. Bertrand, qui connaît le praticien depuis plusieurs années, n’avait pas remarqué cette manie jusqu’alors. Vient-il d’être contaminé par les deux autres ? Bertrand n’ose encore penser qu’il pourrait, lui aussi, être bientôt atteint à son tour. Il est figé. La main droite du médecin est sur le point de pénétrer presque entière dans sa bouche.  Bertrand se tait.

    ––  Poursuivez, lui dit-il en retirant un instant sa main.

    Bertrand en est bien incapable. Cloué sur son siège, il  regarde le médecin introduire maintenant la main gauche dans sa bouche. Il a posé la droite sur son bureau. Ses ongles se désagrègent, la cuticule disparaît, chaque lunule, de blanche qu’elle était, rougit, le sang perle. Est-ce, à cause des consultants précédents, de l’onychophagie mimétique ? Il tend l’index droit vers Bertrand. Celui-ci, ne pouvant plus supporter ces doigts sanguinolents, détourne le regard.

    Quand  Bertrand le regarde de nouveau, il pousse un cri. Le médecin n’a plus d’ongles, il n’a plus de doigts, il n’a plus de mains, il n’a plus que des poignets ensanglantés sur lesquels le sang se fige. Bertrand se lève brusquement, renversant sa chaise. Le médecin le poursuit en lui tendant ses moignons.

    ––  Mais, docteur, mais, docteur…

     

     

     

     

     

     

      • Mercredi 5 Octobre 2016 à 21:48

        On te donne un doigt, tu pousses jusqu'au poignet.
        On me dit que tu vas rencontrer Martin Winckler vendredi soir. Profites-en pour un recueillir l'avis d'un spécialiste.

        As-tu pensé à faire entrer ta nouvelle dans ton blog ?

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    8
    Mercredi 5 Octobre 2016 à 23:00

    Oui je vas rencontrer Martin Dabeliou.

    Non pas mis ma nouvelle dans mon blog encore. J'en ai un assez gros paquet pas ficelé en réserve, j'hésite.

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