Ne pas mollir
Deux tirages d'une série de linogravures en cours.
Pour le plaisir de tirer, graver, cerner – sans mollesse – des formes qui me visitent .
Vite fait


Aujourd'hui, billet à la 6, 4, 2. Avec modèle.
« Tout le secret de la réussite est dans l'enchaînement des chiffres.»*
« Repérer une tête bien faite et une qui ne l'est pas.»*
Il ne vous aura pas échappé que le Bien ne suit pas l'exemple donné.
* D'une méthode d'apprentissage de l'écriture. Je n'ai pas conservé les références.
Pourquoi tu tousses ?
Page arrachée à une revue* et à l'affection des siens.
En clair, le message griffonné dirait ceci : « Elle est comme moi, cela ne m'aurait pas du tout plu. Je crois qu'elle est comme moi tombée amoureuse. Merde »
Allez savoir de quoi, de qui on parle.
Si Merde est biffé, la raison en est peut-être donnée au verso : une publicité y vante les bienfaits d'Herbesan – la constipation traitée par les plantes.
Quant au rouge-gorge, se reporter au dernier numéro de La Hulotte si on en veut un portrait ressemblant.
* Dans une salle d'attente. On notera que le médicament a été retiré de la vente en 2003.
Merles du Dr Laënnec
– Pour c'que t'as, tu devrais consulter le docteur Laënnec.
Deux jours que je compose en vain le numéro. Toujours occupé. En attendant, je gribouille.
Topa, qui regarde sur mon épaule :
– Dis donc, ta femme assise, là, elle n'aurait pas rencontré le Corbac aux baskets ?
– Tiens, oui ! Maintenant que tu le dis...
Note
On pourra colorier son écran
en suivant les indications de couleur.
Ça gazait
Une réclame du Petit Journal du 22 novembre 1915*, à côté de la pastille Valda ("Cuirassez-vous contre la toux") et du pétrole Hahn ("Sauvez vos cheveux"), ces Joffrinettes dont la fabrication a cessé**.
Ce n'est pas de nos jours qu'on verrait des balladurettes ou des juppettes !
* Première utilisation des gaz asphyxiants à Ypres.
** Une lectrice :
– Cela valait-il la peine de le préciser !
Voiture jaune
Vient d'arriver par la poste : Alma mater, d'Albertine Benedetto.*
La poésie est une formidable ressource de vie.
Bonheur de lecture. Et pas seulement en raison des premier et dernier vers – Non ma fille tu n'iras pas danser / elles vivent et c'est assez. Albertine Benedetto donne corps à une mère, une adolescente, une fillette – la même femme à trois moments de sa vie – l'une tenant les désirs et les rêves des deux autres dans le lourd habit de ses inquiétudes. L'écriture, limpide, variée, jouant des formes, sait aussi être sensuelle.
Les eaux-fortes de Nathalie Prats situent le poème dans un monde du conte. Et s'il s'agit d'un conte, la fin en est heureuse : chacune retrouve sa liberté .
* Polder n° 167. Voir le site de la revue Décharge. Ne pas manquer non plus le billet consacré à Cécile Guivarch, puis courir chez sa ou son libraire.
Chat dans mon arbre
Lente maturation d'un objet blistérieux.
La photo de mariage sert de référence. À gauche de grand-mère dans sa robe virginale, on reconnaît gars Sandre, son tout frais beau-frère.
À droite, en arrière plan, les premiers dessins ; devant : la mise en place des personnages sur la toile.
On ne voit pas encore où je veux en venir. On sait seulement que l'objet sera blistérieux*. Et visible seulement dans la prochaine exposition Typoésie.
* Une indiscrétion révèle, qu'à son insu, un chat domestique a été mis à contribution.
La poésie, recours contre la barbarie
« Pour toi, je suis vivante »
Cette enfant de huit ans écrivait en peu de mots la violence à laquelle elle était confrontée. À la sortie de l'imprimante, son propos lui parut alors si fort qu'elle froissait la feuille avant de la jeter dans la corbeille. Je l'ai récupérée. Depuis près de vingt ans, elle est affichée sur un mur de l'atelier. Le dessin a fini par s'estomper.
Hors de son contexte, cette simple phrase met des mots sur le sentiment qui m'habite en ces jours dramatiques.
Pour les victimes des attentats, pour ne pas les oublier, nous sommes vivants.
Contre les terroristes, contre les pensées morbides qui les meuvent, nous sommes vivants.
Communiqué
Voici le tout dernier Pli urgent des éditions Vincent Rougier. On ne me voudra pas d'avoir commis les illustrations.
Je peux dédicacer votre exemplaire si vous le souhaitez (écrire à ahoui@laposte.net).
Passion guerrière attiédie
« Les hommes de ces tems, entièrement livrés à la fureur des armes, s'occupoient peu, il faut le dire, des lettres et des sciences ; la passion guerrière s'étant attiédie, [...] l'esprit humain se dévoua à ce dont il étoit capable, c'est-à-dire, à la découverte et à la perfection des Sciences. Enfin, il enfanta l'art Typographique. C'est de cette Découverte merveilleuse que sortirent, comme d'un second soleil, ces rayons qui éclairèrent subitement l'univers, en dissipant tous les nuages qui l'avoient tenu jusqu'alors comme caché dans les ténèbres.»*
On aimerait tant que cette généreuse pensée de B. Vinçard soit gravée dans le marbre.
* L'Art du typographe, par B. Vinçard, typographiste, breveté par S.M. l'Empereur et Roi, inventeur des Ligatures françaises et étrangères, et des presses à Touchoir, ex-secrétaire de la Société Typographique de Paris, membre de plusieurs Sociétés des Sciences et des Arts, Paris, 1806
Ci-contre, bannière pour la prochaine exposition Typoésie à Alençon (décembre).
acrylique sur Tyvek, 150 x 100 cm