On n'est pas prêt d'en finir avec l'euphémisme
À quel âge partir pour ne pas manquer l'heure du jugement dernier ?
J'entends qu'on me répond :
« Au-delà d'un certain âge, je pense qu'il est de l'ordre des choses de partir et je pense que ce qu'on peut éviter, c'est de partir seul. Et c'est ça je pense, à partir d'un certain âge qui est le plus douloureux.»*
Si je prête attention au vers du poète** « Partir c'est mourir un peu », dois-je entendre :
– Au-delà d'un certain âge je pense qu'il est de l'ordre des choses de mourir un peu et je pense que ce qu'on peut éviter, c'est de mourir un peu seul.»
Partir, est-ce s'éteindre ?
– Au-delà d'un certain âge je pense qu'il est de l'ordre des choses de s'éteindre et je pense que ce qu'on peut éviter, c'est de s'éteindre seul.»
Ou est-ce clamser, comme dit le populaire qui a moins de pudeurs ?
* Professeur Xavier Lescure sur France Inter. « À 80 ans, alors c'est un peu stupide de mettre un seuil, mais au-delà d'un certain âge, effectivement, je pense qu'il est de l'ordre des choses de partir et je pense que ce qu'on peut éviter, c'est de partir seul. Et c'est ça je pense, à partir d'un certain âge qui est le plus douloureux.»
Ces propos sont sortis du contexte (lire le Rendez-vous de la médiatrice du 29 janvier 2021) : c'est à l'euphémisme que je cherche noise.
** Premier vers du Rondel de l'adieu, de Edmond Haraucourt (1890).