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Fable cochonne
Pierre qui pleure, Ste-Suzanne
Fable cochonne de Nicolas Cirier, typographe.
NIOBÉ
Une grosse Fermière avait
Dans sa ferme une grosse Truie,
Que par-dessus tous elle aimait.
Nota bene, que ce tous signifie
Bœufs et moutons,
Poules, dindons,
Enfin tout animal semblable ;
Celui qui se dit raisonnable
Est excepté formellement.
Or, une amitié mutuelle
Liait l'une et l'autre femelle ;
Elles causaient familièrement,
Se comprenaient parfaitement.
Bientôt il advint que la Truie
Se trouva pleine ; son amie
Était enceinte, et son terme approchait.
De leurs futurs enfants chacune devisait.
De sa fécondité la Truie était fort fière,
Et du très-peu de la Fermière
Se moquait agréablement.
Bien loin de se fâcher, de vouloir faire pièce
À cette Niobé d'une nouvelle espèce,
« Assurément,»
Dit en riant la ménagère,
« Votre postérité m'est chère,
Vous savez tout le cas que je fais de vos dons ;
Mais il faut vous vanter un peu moins ; car, en somme,
Mon unique enfant, c'est un homme ;
Tous les vôtres sont des cochons.»Nicolas Cirier
Fables nouvelles, Paris, 1858. Source : gallica.bnf
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Commentaires
Je retrouve dans mon exemplaire défraîchi de Bâtons, chiffres et lettres, une petite note manuscrite – c'est ainsi que je préparais mon bac ! – :
Cirier
Scène Amphibolo-terorthographicologique (1850)
Hommage à M. l'A,B,X. Démonstration, A+B=AB
8FloraJeudi 7 Août 2014 à 18:06A chacun ses lardons !
...et puis ces mots de Baudelaire dans Le Spleen de Paris:"Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et aux truies."
9Léonie LaroueJeudi 7 Août 2014 à 18:0610Léonie LaroueJeudi 7 Août 2014 à 18:06
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D'après ce que j'ai pu lire rapidement, Cirier fut repéré et réhabilité par Queneau, ce qui est plutôt bon signe.
Pour rebondir, évoquons Marie Darrieussecq et ses Truismes...