On a peine à imaginer le sérieux avec lequel je réponds aux commentaires aimablement* déposés sur ce blog. Pour être le plus précis possible, hier, j'ai dégagé de la bibliothèque en palissandre**
les cours de teinture de ma jeunesse***, à la recherche de la recette de la teinte merde-d'oie. Voici ce que j'y lis :
«
Si l'on veut
faire un gilet à barres merde-d'oie, garni de fleurons blancs dans des mouches aurores, on pose sur la table à jasper le gilet ; on dispose les petites planches de bois qui doivent conserver les
blancs (j'observe que les planches de bois doivent être fixées à chaque bout par un petit poids de plomb ou de fer) ; ensuite on met, à distances égales, sur les endroits qui doivent être
merde-d'oie, des fleurons de plomb posés sur les blancs, au-dessus du fleuron, une mouche ronde ou une étoile. On donne d'abord du bois d'Inde pour faire un violet. Quand le violet est bien uni, on
lève les fleurons et les mouches de plomb. On met les mouches sur les fleurons blancs, et les fleurons de plomb au milieu des mouches blanches, ainsi que des mouches sur les fleurons blancs, et on
donne ensuite du bain de roucou avec les mêmes précautions indiquées ci-dessus.
Quand le roucou est bien uni, que le merde-d'oie paraît partout égal, on lève les plombs et les planches ; et si l'opération a été bien conduite, on doit avoir des barres merde-d'oie, parsemées de
mouches aurores et blanches, et au milieu de chaque mouche, un fleuron blanc et violet.»****
* – Tu n'es peut-être pas obligé d'écrire aimablement.
– C'est vrai, je retire.
** En palissandre, pour faire joli. C'est plus vraisemblablement du pin teint.
*** Rappelle-toi, Annie, du bouillonnement dans la marmite des feuilles d'aigremoine eupatoire ou des fleurs de carthame !
**** M. Homassel, Cours théorique et pratique sur l'art de la teinture en laine, soie, fil, coton, fabrique d'indienne en
grand et petit teint ; suivi de l'art du teinturier-dégraisseur, du blanchiment des toiles, fils, coton, chanvre, lin, gravures, etc., par l'acide muriatique oxigéné – Paris, 1818