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Tordu
« Vous croyez peut-être que les poètes font l'économie des blancs manteaux...» s'interroge Claude à propos des clichés journalistiques révélés hier. Hé non ! Voici un florilège de poncifs trouvés chez des poètes du XIXe siècle*.
Ne me demandez pas, en guise d'illustration, un paysage enneigé avec une pie sur une barrière pour faire joli... La neige a fondu et le mardi est le jour où je peins des maisons.
Maison, 22.01.13, acrylique sur papier, 40 x 60 cm environ
C'est la nuit ; les frimas couvrent d'un blanc manteau
Les crêtes; on entend au lointain mugir l'eau
Parmi les roches crevassées.
Espoirs et souvenirs, Amédée Marteau, Paris, 1868
Jupiter pluvieux au blanc manteau de neige !
Edgar Quinet, Les Esclaves, Bruxelles, 1853
Quand l'hiver aux longs mois
Jetait son blanc manteau sur le mont solitaire.
Le poème des larmes, François Fertiault, Paris, 1860
L'hiver avait tendu Paris, la grande ville,
D'un blanc manteau de neige et de givre glacé.
Bluettes angevines, Charles Brunetière, Angers, 1865
Le rude hiver sur le coteau
A déployé son blanc manteau.
Toute la vie : les voluptés, les amours, les douleurs, les espoirs, Georges Rebuffat, Paris, 1891
Quand le sol se couvrait d'un manteau d'innocence,
La neige, blanc tapis, brillait dans le lointain,
Les Violettes, Mme Victorine Rostand, Paris, 1846
Quand le sol met son blanc manteau
Les Chants du soir, Charles Manso, Lille, 1869
La terre a revêtu son blanc manteau de neige
Les noix dorées de l'arbre de Noël, Mlle Marie Sandras, Paris, 1872
La nature revêt son blanc manteau de neige
Les poèmes de ma vie : ma philosophie, Lucien Duc, Paris, 1911Quand Hiver d'un blanc manteau couvre
Le corps endormi de nature
Poèmes saphiques, Claude Fernandez, éd. Sol'air, 2010Rendons grâce à Victorine qui introduit une variante d'une nuance subtile. Faut dire qu'elle réserve le blanc manteau à la Vierge, en quoi elle se mélange les pinceaux.
Sources : gallica.bnf.fr & internet
* Si un ami poète s'était laissé aller à une telle platitude, qu'il prépare une excuse valable – de deuxième ou troisième degré. Non Jean-Claude, cette remarque ne te concerne pas ; on saisit tout l'humour de Est-ce qu'il neige toujours autant dans la rue des Blancs-Manteaux ? dévoilé hier (lire commentaire 2).
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Commentaires
Et à propos de "blanc manteau"...Voici un conte :
La couleur de la neige
Srulek parle yiddish, c’est le fou du ghetto. Le voici un matin d’hiver sur l’unique banc de la place. A côté de lui, un aveugle. Tous les deux grelottent. Il fait froid.
- Comment est la neige, dis-moi ? demande l’homme sans regard.
- Elle est blanche, répond Srulek.
L’autre médite, hoche la tête.
- D’accord, mais blanche, c’est comment ?
- C’est comme qui dirait du lait.
- Et le lait, dis-moi, c’est comment ?
- Les cygnes qui vont sur le lac, dit Srulek, tu sais, ces oiseaux avec un long cou recourbé, eh bien ils sont comme le lait.
Il allonge le bras, il courbe le poignet pour imiter le cou du cygne, et ce bras, l’aveugle le palpe, et le poignet, la main aussi.
- Ah oui, je vois, dit-il, je vois bien maintenant la couleur de la neige.
Le mercredi, c'est plombier. Avant son passage le robinet fuyait un peu, après son passage, le robinet fuit un peu.
Et repassage le dimanche.*
* On peine à me croire quand j'annonce repassage le dimanche, mais ça pourrait être vrai.
Mon érudition ne va pas jusqu'à ces marges... Je dois beaucoup à l'ordinateur et à la quinzaine de personnes qui travaillent pour moi et un mince salaire.
16BarfleurJeudi 7 Août 2014 à 17:4117MartineJeudi 7 Août 2014 à 17:4118Claude VougeotJeudi 7 Août 2014 à 17:41Je suis tout à fait estomaqué par ton érudition, la peine que tu te donnes pour dresser des listes, relever les citations, etc. Bravo. tu aurais un ordinateur que tu ne pourrais faire mieux ...
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Moi aussi, je suis "impressionné" par cette géométrie neigeuse ( blanc manteau ?)
qui surgit, s'impose, se détache de ce fond de ciels lourds et graves...
et que tu nommes : "maison".
Le papotier ébahi !