-
Dos d'âne
Il n'avait pas déjà la vie facile, mais il a fallu que le mot bourri tombe sur lui.
La maréchaussée aussi lui est tombée sur l'échine, le 18 vendémiaire an III :
« Les commissaires nommés la veille pour rechercher les malveillants qui soustraient à la circulation et à l'approvisionnement du marché de Courtomer des denrées telles que beurre et œufs pour les vendre à un prix supérieur au maximum, ont trouvé, sur le chemin de Courtomer à Planches*, au lieu dit Saint-Wandrille, Jeanne Letourneur, de Trémont, portant sur un "bourri" 22 douzaines et demie d'œufs. Elle a déclaré les porter à Planches, chez Roger, marchand de beurre et œufs, à qui elle achètera de la chandelle.»**
* Mais si ! Vous connaissez Planches (Orne). Le village a posé question dans Urticantes.
** Registre des délibérations municipales de Courtomer (1788).
-
Commentaires
- Comme je ne suis pas très bon en maths, je me demande combien d'oeufs ça fait "22 douzaines et demie"...
- Comme je ne suis pas non plus très bon en français, je me demande combien ça fait "un prix supérieur au maximum"...
- Enfin, comme je suis nul en religion, je me demande ce que Saint Wandrille pouvait faire dans ce coin. Eh ! bien, je n'ai pas trouvé la réponse ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Wandrille
je vois que toi aussi tu dessines sur tout bout de carton qui passe. est-ce par économie ? ou parce que le support est inducteur ? ou parce que t'as la flemme d'aller chercher une feuille de papier ?
signé : le bourri de la classe
– Pour les calculs, on retiendra 12 œufs à la douzaine et non 13.
– Un prix supérieur au maximum coûte la peau des fesses.
– Je note (merci pour les références) que le cénobite récitait son psautier au milieu de la rivière, en plein hiver, pour
ne pas être soumisne pas se laisser entrer en tentation.Message personnel :
Mes amitiés à ma correctrice préféré.*
* – Tu vas pas recommencer ?
Résultat de la rencontre entre un crayon et l'emballage d'un paquet de gâteaux, à l'heure du thé. Rien ne dit que la conversation était inintéressante.
Même avant 14. Il apparaît également chez la comtesse de Ségur. Dans le Littré, à l'article bourrique : "Le masculin bourri, âne, mâle de la bourrique, est usité dans le patois normand". L'usage en est encore fréquent dans la campagne sarthoise.
Un article de l'Ouest-éclair (Journal républicain du matin) du 29 juillet 1929 :
La Ventrouze
À QUI LE BOURRI ? Mercredi, les gendarmes de Longny étaient prévenus par M. Bouju, marchand de bois au Billot, que le nommé Souris Alexandre, charbonnier, avait chargé sur une voiture, attelée de son « bourri », divers outils, qu’il se disposait à emporter. Les gendarmes se lancèrent à la poursuite du ravisseur, qu’ils rejoignirent sur la route. Interrogé, Souris déclara que le tout : attelage, animal et outils, lui appartenait en paiement du salaire que lui devait M. Bouju. Ce dernier ne partage pas cet avis et la justice sera obligée de trancher le différend. Que va devenir le bourricot pendant ce temps ?En ce temps-là, la douzaine d'œufs avait peut-être une autre valeur qu'aujourd'hui, il y a peut-être eu des anciennes douzaines et des nouvelles douzaines comme il y a eu des anciens et des nouveaux francs.
Avec tous ces oeufs il y avait de quoi faire un gros gâteau qui a été déposé dans un carton sur lequel a été dessiné une tête de bourri ... Mais cela ne m'explique pas pourquoi le marchande de beurre vend de la chandelle !
14VougeotJeudi 7 Août 2014 à 17:33Je retrouve sur ton site ce mot de "bourri" qui m'avait déjà surpris, employé par Robert Desnos, dans "le Voyage en Bourgogne" - ce qui montre que c'est un mot dont on usait assez couramment après 1914. On pense à Bourricot, mais allez savoir s'il y a vraiment un rapport ...
Ajouter un commentaire
Un poinçonneur fredonnait " et des souliers lilas la la... " en griffonnant une tête d'âne sur un bout de carton...au dos duquel la liste des courses à faire "beurre, œufs..." fut écrite par sa femme qui s'appelait Jeanne dont la cane...etc...
Signé : le baudet