Pelouse, quelque part en Vendée – avril 2009
Jacques a fini le repas au cognac, on pourrait penser, à lire Huysmans, que c'était à la Chartreuse.
« Partout grimpaient des pampres découpés dans d'uniques pierres ; partout flambait un brasier d'incombustibles ceps, un brasier qu'alimentaient les tisons minéraux des feuilles taillées dans
les lueurs différentes du vert, dans les lueurs vert-lumière de l'émeraude, prasines du péridot, glauques de l'aigue-marine, jaunâtres du zircon, céruléennes du béryl ; partout, du haut en bas, aux
cimes des échalas, aux pieds des tiges, des vignes poussaient des raisins de rubis et d'améthystes, des grappes de grenats et d'amaldines, des chasselas de chrysoprases, des muscats gris d'olivines
et de quartz, dardaient de fabuleuses touffes d'éclairs rouges, d'éclairs violets, d'éclairs jaunes, montaient en une escalade de fruits de feu dont la vue suggérait la vraisemblable imposture
d'une vendange prête à cracher sous la vis du pressoir un moût éblouissant de flammes ! »*
– Pourvu que Bernard Pivot n'en fasse pas une dictée !
* J.-K. Huysmans, En rade, Flammarion - Folio classique
(Bientôt un prolongement sur le biloba avec un poème du même...)
Pour éclairer ce passage, il n'est pas inutile de nous pencher sur cette liste de commissions établie par Karl-Joris lui-même et retrouvée miraculeusement sur le parking du "Proxi" de la rue Suger à Paris.
Pas superflu non plus de vous dire que c'est un document rare que je vous retranscris ci-dessous :
- zircon en granulés (voir le drageoir aux épices ?)
- 500 gr. de béryl
- une boîte de prasine de péridot (en ampoules)
- aigue-marine finement broyée (voir là-bas ?)
- une bouteille d'élixir de chrysoprase
- une petite boule de mimolette