– Ce serait une belle légende pour votre photo si je lisais la Dame aux Camélias...
– Oui, ou les Fleurs de mal...
– Pas de chance, Je relis Ces dames aux chapeaux verts.

Paris, août 2010

Mine réjouie d'un cochon qui sort de chez son dentiste. Il vient de lire dans une revue qu'on fabrique désormais les réservoirs de cornemuses en gore-tex.

– Les a-t-on jamais découpés dans la peau de porc ?

À propos de Beethoven ou Hugo, on parle de génie. Et on se demande comment le premier eut l'idée de la 9e Symphonie alors que ni le disque, ni le teppaz n'existaient* ou comment le second imagina les Misérables alors qu'il n'avait pas la télévision.

On connaît en revanche l'événement déterminant de l'œuvre de Daniel Buren. Après-midi de l'été 1948, premiers jours de vacances dans un village de la Sarthe. Deux camarades et lui se partagent une glace, léchant à tour de rôle les boules de fraise et vanille. À peine alliez-vous risquer une remarque étonnée sur le peu d'hygiène du procédé que retentit le cri rauque d'un klaxon de Juva  4. Surpris, porteur du cornet sursaute. Les boules choient sur la plaque de fonte brûlante des PTT et s'étalent dans un mélange coloré et mousseux.

– Et alors ?
– Et alors... Les rayures !

* Ni le sonotone, en ce qui le concerne.

Le Luart – avril 2003

Injustement retenu derrière le mur du verger, cet arbre est surpris dans sa tentative d'évasion.

Cherokee encore. En jeep. Publicité sur les bâches d'un monument en cours de rénovation.
Le soleil, en lumière, laisse deviner les dessous de l'arène.

Barcelona, Plaza de toros Las Arenas – juin 2005

C'était un panneau informatif en forêt.

On s'est acharné à faire disparaître toute trace informative. Fallait-il qu'On fût si énervé – j'allais écrire attardé, mais les trains ne passent pas en forêt.

Ce qu'On ignore et va sans doute ignorer toute sa maigre vie, c'est qu'il a laissé quelque chose qui tient de l'art. Primaire certes. Mais de l'art.

– Tu as le regard bien empathique ! Et tu lui as trouvé un titre ?
– Plusieurs ! Au choix : Nuit sur le mont chauve ; Un enterrement à Ornans ; Hamlet et Horatio au cimetière et les deux fossoyeurs...

St-Symphorien – septembre 2014

Le grand combat. Toutes couchées. Seule debout.

Le grand combat est le titre d'un poème d'Henri Michaux. En voici un autre, tiré de Face aux verrous (Gallimard, 1967) :

« Si toutes les vaches fonçaient sur les camions, il y aurait un recul des camionneurs, des ouvriers des abattoirs, et pendant quelque temps, des mangeurs de viande. Mais qu'elles ne s'y trompent pas, l'humanité n'est pas prête à lâcher le bifteck et le lait de ses enfants, pour une simple affaire d'humeur.»