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Par ahoui le 10 Mai 2012 à 00:00
Chaque jour, sur son blog, Minik Do égrène ses pensées sauvages.
– Les pensées domestiques aussi. Il lui arrive même de me choisir comme sujet, nous confie sa chatte. Ça commence dans l'odeur du café fumant*, puis le regard se porte vers la fenêtre. Il y a toujours un pinson, une mésange, une feuille morte pour l'intéresser.
À le lire, on suit ses parcours dans sa ville. Nez au ciel pour déchiffrer l'écriture des nuages ou des avions. Nez dans le caniveau pour un dernier hommage aux confettis. Œil sur le reflet d'une vitrine, le remou d'un plan d'eau, une araignée, un seneçon. Oreille qui recueille des confidences dans un café...
Tous les sens en éveil. Doigt sur le déclencheur du Kodaque. La photo éclaire – ou non – le poème.
La forme est brève. On parle de haïku. Ce n'est pas un gros mot**.
Pour sa collection Choisi, Jacques Renou en a retenu une soixantaine qu'il a amoureusement imprimés en typographie sur un beau papier. Les fines linogravures de Thierry Gaudin jouent en contrepoint des poèmes.J'ajoute que l'ami Jean-Claude Touzeil ouvre le portfolio.
Le passage de l'écran au papier, du caractère calibré du logiciel au caractère de plomb, de la photo à la linogravure... nous font redécouvrir l'univers de Dominique Borée***.Et, sans parler de la subtile odeur de l'encre, ceci a quelque chose de réjouissant.
Photo Jacques Renou
Dominique BORÉE, Calendrier
Portfolio composé en caractères mobiles en plomb
Tirage limité à 55 exemplaires signés. 32 pages.
15 linogravures originales de Thierry Gaudin.
Avant-lire de Jean-Claude Touzeil, après-lire de Jacques Renou.
+ un petit bonus de Thierry Gaudin.Disponible à l'Atelier de Groutel, 25 Groutel, 72610 CHAMPFLEUR.
18 € + port 1 €. Chèque à l'ordre de l'Atelier de Groutel.
* Pour un haïku fumant !** Prononcé par un japonais (source : forvo.com)
*** C'est aussi la fin de l'anonymat !
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Par ahoui le 4 Mai 2012 à 01:39
Si Boris Vian avait connu les Cent sonnets de René Agnès, nul doute que celui-ci l'eût ravi :
À PROPOS DE LA CIGARETTE
fumée par Mme X***, après notre déjeûner à Pontlevoy
du 3 octobre 1872
Après le déjeûner, Madame... est guillerette,
Non pas qu'un doux nectar ait produit cet effet :
Elle fume avec nous la fine cigarette,
Et sa gaîté provient de ce brillant haut fait.
Elle embellit par lui notre petite fête.
Ce serait bien à tort d'en cacher le secret ;
Puisqu'à nous, au contraire, elle a su tenir tête,
Décernons-lui céans un glorieux brevet.
De sa bouche divine une blanche fumée,
En tourbillons légers s'échappe parfumée.
Notre œil ravi la voit voltiger dans les airs.
TERCET DÉDICATOIRE.
Madame, gloire à vous ! à vous honneur suprême !
Vous le méritez bien. Je me dois à moi-même,
En chantant vos exploits, de vous offrir ces vers.
Pontlevoy, 3 octobre 1872.
Source : gallica.bnf.fr
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Par ahoui le 29 Avril 2012 à 00:00
Le dimanche, c'est poésie.
Contre Labienus
Quand nous te demandons pourquoi
La pincette, à chaque semaine,
S’occupe à dépiler chez toi
Le sein, le bras, la cuisse, l’aisne ;
Guy, c’est, à ce que tu nous dis,
Le soin de plaire à ta Philis
Qui t’inspire cette manière.
Nous le voulons croire ; mais, Guy,
Apprends-nous en faveur de qui.
Tu fais dépiler ton derrière ?
La Monnaie, à l'imitation de MartialSource illustration : les Bonnets à poil ; BNF
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Par ahoui le 24 Février 2012 à 00:00
« La maison d’arrêt est composée de cellules de 12 mètres carrés où cohabitent jusqu’à six personnes alors que, selon les normes définies par l’administration pénitentiaire, il ne devrait pas y en avoir plus de deux. Chaque cellule comporte trois lits superposés d’un côté, deux lits superposés de l’autre côté et souvent, entre les deux rangées de lits, un matelas posé à même un sol crasseux et humide où circulent des rats et des cafards.»
On dirait du Albert Londres, c'est du Journal officiel*.
Pour respirer, ce poème de Guy Lévis Mano, typographe et poète**.
Peupler la prison
Il était le juge. Les cinq geôliers amenèrent le prisonnier. Le juge regarda les yeux affamés du prisonnier. Il y vit des fleuves, des prairies, des coteaux, quelques fleurs, et aussi des oiseaux qui les parsemaient. Puis il regarda les yeux gris des geôliers. Il n'y vit que des judas, des serrures séparées de leurs clefs, et des murailles. Le juge parla : Que le prisonnier s'en aille récupérer son fleuve, sa plaine et ses oiseaux. Il suffit de geôliers pour peupler la prison.* Journal officiel du 6 décembre 2011, article 72, Recommandations du Contrôleur général des lieux de privation de liberté prises en application du deuxième alinéa de l'article 9 de la loi du 30 octobre 2007 et relatives au centre pénitentiaire de Nouméa (Nouvelle-Calédonie)
** Guy Lévis Mano, Loger la source, éditions Folle Avoine, 2007.
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Par ahoui le 4 Février 2012 à 00:00
Je verrais d'un bon œil qu'un journal qui tient une bonne nouvelle la publie deux jours de suite. Ou trois s'il la juge vraiment très bonne.
Ce geai mérite de prolonger son séjour ici.
Pour ne pas lasser néanmoins, je rafraîchis la légende. Plus encore et mieux ! Ce sera un poème de Jean Féron.
Au pied du chêne foudroyé
une plume de geai
signe
qu'aucun poème
n'est jamais tout à fait
perdu
Jean FéronUne plume de geai, édition Au pied de la lettre, 2002. Recueil agrémenté d'une véritable plume de geai des chemins creusois.
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Par ahoui le 27 Janvier 2012 à 00:00
Où m'entraîne une recherche sur l'origine du nom donné à la mésange
« On rapporte qu'un singe, un singe merveilleux,
Que les Égyptiens consacraient à leurs dieux.
Indiquait, en pissant douze fois en douze heures,
Les pas du Temps qui fuit vers les sombres demeures.
La nuit, lorsqu'on veillait, vous comprenez combien
Était avantageux un semblable moyen,
Aussi, chaque nonnette avait, dans sa cellule,
Un petit cénophal en guise de pendule. »
Eugène Berthier, Pyrame et Thisbé, poème comique en quatre chants, Paris, 1853Cénophal : autre nom du cynocéphale
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Par ahoui le 7 Décembre 2011 à 00:00
« La mort c'est comme la vie Ça n'existe pas » écrivait José.*
Ben si. Les deux.
José Millas-Martin, poète, est décédé ce début décembre.
Topa lui rend hommage sur son blog biloba.
L'image ci-contre est un brouillon pour un des poèmes du Tango pour José, aux éditions Donner à Voir.
GUERRE
Trois êtres Paniers poireaux Torchon Biberon couchés terre Garçonnet sur bras replié Petite fille nue Bras ouvert Ficelles de sang noir Yeux Narines Bouches Près mur Mère bandeau Sang Trempe sang Bras gauche Paume ouverte enlace sa fille retournée vers le sol
Le monument et les discours pour plus tard
José Millas-Martin
(Trayecto-Trajet – éditions Sépia, 1985)* Du poème Hier. Le titre est emprunté à Bien fait vite fait (« Belle foutaise Venons de l'éternité Y retournons »). Ces deux textes dans Posologie usuelle, éditions La Bruyère, 1987, repris dans l'anthologie À mots rompus.
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